Le décret « 3R » a été publié le 30 avril 2021. Dès le 4 mai, Elipso a proposé à ses adhérents un webinaire de décryptage. Elipso ne s’arrête pas là et a décidé de prendre la parole par le biais d’une tribune presse publiée vendredi 7 mai dans le magazine Plastiques et Caoutchoucs. Dans cette tribune, Sébastien Jacques, responsable des affaires publiques d’Elipso, livre son analyse du texte.
Le décret 3R définit des objectifs de réduction, réutilisation & réemploi, et recyclage des emballages en plastique à usage unique pour la période 2021-2025. Structurant par ses ambitions, le signal envoyé ne doit pas se transformer en « effet coup de frein » au regard des objectifs à atteindre. À savoir une transition circulaire pleine et effective, pour l’ensemble des emballages tout en recherchant l’impact environnemental le plus faible possible. En lieu et place de la Réduction du plastique, parlons davantage de Transformation du secteur (pour un prochain Décret 1T 2R ?)
L’industrie de l’emballage plastique est entrée dans une phase de transition circulaire visant à atteindre 100% d’emballages plastiques recyclés à horizon 2025, conformément à l’objectif de Recyclage du décret. Cette volonté est rejointe par les autres dispositions de la loi AGEC telles que le développement de filières de recyclage, l’accroissement de l’incorporation de matière recyclée, la mise en place de filières de Responsabilité Élargie du Producteur pour tous les emballages, etc. Ces transformations répondent à une logique environnementale mais aussi sociétale tout en ayant le souci du maintien des fonctionnalités propres à chaque type d’emballage.
La poursuite de cette révolution risque de se heurter au signal de Réduction dont nous comprenons qu’il a vocation à s’accroître pour tendre vers l’absolu à horizon 2040. Cela allant dans une direction difficilement compatible avec la logique du plan de relance visant à soutenir le passage de l’outil industriel français dans l’économie de demain en vue d’aboutir à « une excellence industrielle française » comme l’a récemment souligné le Président Macron. L’industrie ne tiendra pas le rythme des fluctuations quinquennales prévues par la stratégie 2040 dans un contexte économique très incertain où l’envolée actuelle du prix des matières renchérie l’incertitude. La transition, c’est aussi la définition d’un cadre stable couplé d’une lisibilité nécessaire à toute mutation. Ne stoppons pas cette belle ambition.
Substitutions moins-disantes
Par ailleurs, la solution de la substitution au plastique par tout autre matériau ne doit pas être une échappatoire de court terme et de satisfaction immédiate. Une substitution sans étude d’impact, sans analyse d’émission de CO2, sans valorisation de fin de vie, sans même d’existence avérée pour la majorité des produits nécessitant un emballage ne peut être la solution. Le risque d’aller vers des substitutions moins-disantes sur le plan environnemental est fort. Adoptons une approche par analyse du cycle de vie, par le développement d’outils d’éco-conception de plus en plus performants, plutôt qu’un plastic bashing systématique mettant de côté les réels enjeux.
Les emballages n’ont pas d’existence sans leur produit associé, ils viennent en assurer les fonctionnalités de protection sanitaire, de prévention contre le gaspillage, de transport et logistique, de support d’utilisation, etc. Ils rendent un produit utilisable dans les meilleures conditions tout en représentant un coût pour les entreprises utilisatrices soucieuses d’assurer le meilleur équilibre possible entre ce prix et les bénéfices en découlant. N’inversons pas la balance.
Le décret 3R doit être une opportunité de mettre une réalité derrière un concept fourre-tout perdant tout son sens : l’emballage plastique à usage unique. Un emballage inscrit dans un circuit d’éco-conception puis de collecte est-il à usage unique ? Un emballage incorporant du recyclé est-il à usage unique ? Un emballage préservant un produit pour une utilisation sur un temps long est-il à usage unique ? Les raccourcis de définition ne reflètent pas la réalité de l’emballage plastique d’aujourd’hui. La substitution d’un emballage autrefois non valorisé vers un emballage maillon d’une boucle circulaire a lieu et se poursuit. Si l’on veut véritablement être pionnier dans la transition circulaire, remettons les points d’attention prioritaires en première place en actant de la disparition de l’emballage plastique d’hier. On ne pourra engager une transformation tout en interdisant l’objet de la transformation. Alors, luttons contre l’emballage plastique à voie unique, valorisons celui à vies multiples.
Objectifs fixés par ce Décret pour la période 2021-2025
La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) du 10 février 2020 vise la fin de la mise sur le marché d’emballages en plastique à usage unique d’ici à 2040. le décret 3R fixe le premier pallier à atteindre d’ici 2025.
- un objectif collectif de 20% de réduction des emballages plastiques à usage unique d’ici fin 2025, dont minimum la moitié obtenue par recours au réemploi et à la réutilisation ;
- un objectif de tendre vers 100% de réduction des emballages plastiques à usage unique « inutiles » d’ici fin 2025, c’est-à-dire ceux n’ayant pas de fonction technique essentielle, comme une fonction de protection, sanitaire et d’intégrité des produits, de transport, ou de support d’information règlementaire ;
- tendre vers l’objectif de 100% d’emballages en plastique à usage unique recyclés, en favorisant l’intégration de matière recyclée dans les emballages en plastique.
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